Page:Lassalle - Discours et pamphlets.djvu/7

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venir toujours, — ne consiste que dans cette clarté de pensée qui, sans faire la moindre supposition, tire tout d’elle-même, et, précisément à cause de cela, s’empare de la raison d’un auditeur simplement attentif et s’impose violemment à elle.

Cette clarté de la pensée n’exige donc pas des auditeurs la moindre hypothèse particulière. Au contraire, puisque, comme on l’a souvent remarqué, elle ne réside que dans l’absence de prévention dans la pensée qui tire tout d’elle-même, elle ne tolère jamais les suppositions. Elle exige que les auditeurs ne portent en eux aucune prévention d’aucune espèce, aucun préjugé établi, mais elle leur demande d’étudier de nouveau le sujet dont souvent ils ont pu parler, auquel ils ont pu penser, comme s’ils n’en savaient rien d’assuré et de renoncer au moins pendant la durée de cette étude à tout ce qu’ils avaient l’habitude d’admettre.

Je commence donc ma conférence en posant cette question : qu’est-ce qu’une constitution ; en quoi consiste l’essence d’une constitution ?

Chacun, Messieurs, du matin jusqu’au soir parle aujourd’hui sur la constitution. Dans les journaux, dans toutes les sociétés, dans toutes les auberges, on parle infatigablement sur ce sujet.

Et cependant, quand je pose sérieusement cette question : qu’est-ce que l’essence, la notion de constitution, j’ai peur que de tous ces discoureurs bien peu soient en état de lui donner une réponse satisfaisante.

Beaucoup d’entre eux inclineraient à s’adresser à un tome du recueil des lois et à en tirer la constitution prussienne.

Mais ils verront aussitôt que ce n’est pas là qu’est la