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LES IDÉES DE NIETZSCHE SUR LA MUSIQUE


tion passionnée, d’un « devenir » éperdu. J’ai nommé Tristan.

II


Nietzsche s’est retenu de parler de Tristan jusqu’à la page 148 de la Naissance de la Tragédie. Mais dès le début il l’a dans l’esprit et le lecteur sait qu’il en est question. C’est que, comme preuve concrète de sa théorie, Nietzsche ne pouvait citer que Tristan, sa théorie étant précisément modelée sur les impressions qu’il avait ressenties de cet ouvrage unique. En Tristan il croyait voir de ses yeux cette sorte de parturition nécessaire du drame par l’élément musical. De Tristan surtout il pouvait dire ce qu’il avait dit des poèmes dramatiques de Wagner en général, que c’était « de la vapeur de musique[1] ».

Reste à savoir si la condensation de cette vapeur, sans plus, peut produire des drames comparables même de loin aux compositions mar-

  1. T. IX, p. 254.