Nietzsche reconnaît dans le fait psychologique du sentiment un « complexus » d’éléments hétérogènes. Tout d’abord un élément purement « quantitatif » ou intensif qui se fait sentir à nous sous forme de plaisir ou dedéplaisir. Cet élément fondamental correspond, dit-il dans son langage schopenhauérien, à la tension de la volonté. Le langage positif de la psychologie dirait, tout à fait dans le même sens : exaltation ou dépression de l’énergie vitale, ou bien encore de la « cœnesthésie ».
À ce substrat organique commun de tous les sentiments s’ajoute un ensemble de « représentations ». Ce sont ces représentations concomitantes qui différencient en genres divers le plaisir et le déplaisir et donnent aux divers sentiments leurs qualités et leurs noms.
Il n’y a pas des espèces de plaisir, mais seulement des degrés, avec d’innombrables représentations concomitantes[1].
- ↑ T. IX, p. 92.