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LES IDÉES DE NIETZSCHE SUR LA MUSIQUE


tains gestes sont attachés à l’expression d’un sentiment ; ils font corps avec lui ; ils sont lui. même. Ce n’est pas du tout par réflexion que nous nous représentons le sentiment mimé sous nos yeux soit par une personne qui l’éprouve, soit par un acteur qui l’imite ; c’est instinctivement. Il se produit chez nous « par sympathie une innervation des mêmes parties du visage et des mêmes membres dont nous percevons le mouvement[1] ». Ce phénomène d’innervation et les mouvements qu’il détermine étant invariablement associés aux autres éléments constitutifs du sentiment, ils surgissent à sa suite dans la conscience, et, à vrai dire, nous « vivons » bien plutôt que nous ne concevons le sentiment mimé devant nous.

Ces observations déterminent lô rôle de la mimique dans l’expression esthétique du sentie ment.

Reste l’élément « quantitatif » ou intensif. Celui-ci ne se peut traduire ni par le geste ni par la

  1. T. IX, p. 93.