Page:Lasserre - Les Idées de Nietzsche sur la musique, 1907.djvu/123

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
115
LES IDÉES DE NIETZSCHE SUR LA MUSIQUE


parole. Il est de toute autre nature. Quel est le moyen d’expression qui lui convient ?


Si le geste (et la parole) servent de symboles aux représentations concomitantes, sous quel symbole les mouvements de la volonté elle-même nous sont-ils rendus perceptibles ? Quel intermédiaire fournit ici l’instinct ? Cet intermédiaire est le son. Pour parler plus exactement, ce sont les différents modes du plaisir et du déplaisir (sans aucune représentation concomitante) que le son symbolise[1].


En d’autres termes, le fait psychologique du sentiment comprend des phénomènes intellectuels, des phénomènes moteurs et un phénomène affectif, lequel s’éprouve, mais ne s’analyse pas. Ce dernier a son expression naturelle dans tous les modes, nuances et degrés du son musical. Il est donc dans la nature des choses que poésie, mimique et musique, quand l’art les associe, ne fournissent pas trois expressions superposées du même sentiment, mais se partagent entre elles les trois éléments en lesquels le sentiment se décompose.

  1. T. IX, p. 95.