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Page:Lasserre - Les Idées de Nietzsche sur la musique, 1907.djvu/147

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LES IDÉES DE NIETZSCHE SUR LA MUSIQUE


Allemand, et aussi pour cette raison plus précise, qu’il applique à l’œuvre de théâtre « idyllique », qu’il vient de caractériser, le nom général de « spectacle latin » (romanisches Schauspiel)[1], qu’il y voit la réalisation esthélique de la « pensée latine ».

La glose que Nietzsche a consacrée à Tristan pourrait nous convaincre que Richard Wagner lui apparaissait alors comme le restaurateur de l’inspiration pessimiste dionysiaque dans l’art. C’est aussi nettement que possible le caractère que toutes les pages de la Naissance de la Tragédie veulent lui prêter aux yeux du public allemand. Mais certaines notes, d’ailleurs très fragmentaires et confuses, qui appartiennent à la préparation de cet ouvrage, nous révèlent chez Nietzsche une

  1. T. IX, p. 238, Nietzsche caractérise le « spectacle latin » comme celui où le « sentiment apris la place du fond musical », ce qui signifie la substitution d’une vision optimisteet sentimentale de l’univers et de la vie au pessimisme qui est le fond nécessaire du théâtre tragique. Ce qualificatif « latin » joint à d’autres textes plus précis (IX, § 173, etc.) ne nous permet pas de douter que Nietzsche pensât de la tragédie classique française ce qu’il dit ici de l’opéra, qu’il considérât Racine comme optimiste et sentimental. Cette erreur d’optique est commune à beaucoup d’Allemands »