arrière-pensée fort curieuse. Wagner y est présenté
non comme un révolutionnaire à l’égard du
genre de l’opéra, mais comme le consommateur
de l’évolution du genre. Ses œuvres seraient
encore de l’opéra, et géniales précisémenten ceci
que la tendance idyllique, optimiste, y atteint son
apogée et y devient quelque chose de très puissant.
Mais par là même les limites traditionnelles
du genre se trouvent débordées et rompues. Tant
que le rêve de la félicité et de la bonté naturelles
de l’homme ne se proposait qu’au besoin de
divertissement et à la complaisance sentimentale
d’un public frivole, du moins à l’égard de l’art, il
trouvait sa traduction musicale dans la romance
et dans les agréments de la mélodie régulière.
Mais la conscience de l’homme moderne a pris ce
rêve terriblement au sérieux ; elle s’est surtout
attachée à son côté moral ; et ce rêve lui paraissant
vérité, elle a jugé à sa lumière l’horreur du
monde moderne. La forme d’expression musicale
de ces manières de sentir nouvelles, non
par leur nature, mais par leur puissance, ne peut
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LES IDÉES DE NIETZSCHE SUR LA MUSIQUE