Page:Lasserre - Les Idées de Nietzsche sur la musique, 1907.djvu/150

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
142
LES IDÉES DE NIETZSCHE SUR LA MUSIQUE


populaire, et cependant ils sont allemands tous deux. Avec lui nous ne dépassons pas encore l’Idylle. Wagner a poussé la tendance originaire de l’opéra, la tendance idyllique, jusqu’à ses conséquences, conçu la musique, le vers, le mythe comme idylliques (en en brisant les formes). En cela, il nous donne la plus haute jouissance sentimentale : jamais il n’est naïf[1].


En général, ces premières vues sur le rapport de l’art wagnérien avec le genre traditionnel de l’opéra ne sont pas très précises ; du moins l’expression en est-elle obscure[2]. Qu’elles diffèrent très sensiblement de la doctrine soutenue dans la Naissance de la Tragédie sur la nature et la signification de cet art, ce n’est pas douteux, Inconsciemment peut-être Nietzsche a sur le même sujet une conception ésotérique et une conception exotérique. Ou bien il n’ose pas, vis-à-vis de lui-même, penser tout haut, publiquement, ce qu’il pense tout bas : à savoir, que si l’œuvre de Wagner est du grand opéra à la

  1. T. IX, 256.
  2. On contrôlera la valeur de notre commentaire par l’examen des §§ 164, 170, 172, 175, 177, 180, 182 et 186, et 190 du tome IX.