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Page:Lasserre - Les Idées de Nietzsche sur la musique, 1907.djvu/154

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LES IDÉES DE NIETZSCHE SUR LA MUSIQUE


absolument rien à voir avec la vérité philosophique, comme « intellectuel » avant tout, il estimera toujours cette vérité par-dessus tout, il adviendra qu’il conçoive à l’égard de la musique, maîtresse qui ne l’a trompé que parce qu’il la prenait pour ce qu’elle n’était pas, un dédain irrité qui ne sera guère plus sage.

En ce qui concerne Wagner : à quinze ans, il a fait ses délices de Tristan et du vertige unique que cette musique porte en elle. Mais, même en son adolescence, il n’a pas été « wagnérien » ; je veux dire que les dangereuses voluptés de la musique wagnérienne ne l’ont pas rendu insensible à la beauté classique. De là son opinion sur la musique pure qu’il tient pour la véritable musique. Si troublée que soit la lucidité de cette opinion par sa croyance à une signification métaphysique de la musique, elle ne le met pas moins en contradiction latente avec Wagner qui a amplifié jusqu’à des proportions colossales, non rêvées par ses prédécesseurs, l’être de la musique, mais au prix de le