Page:Lasserre - Les Idées de Nietzsche sur la musique, 1907.djvu/160

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
152
LES IDÉES DE NIETZSCHE SUR LA MUSIQUE


ques, lesquels, on le sait, dérivent tous de l’instinct musical :


La musique (moderne) devra s’élever à une puissance infiniment supérieure [à la musique des Grecs] parce qu’elle a à triompher d’un monde de la connaissance beaucoup plus étendu. La science et la musique nous font pressentir une renaissance allemande du monde hellénique : nous voulons nous y consacrer[1].


On peut comprendre maintenant le sens de la question de forme bizarre à laquelle aboutit dans la Naissance de la Tragédie la critique du rationalisme optimiste : « Verrons-nous désormais, demande Nietzsche, Socrate s’exerçant à la musique ? »

Cette renaissance par la musique sera l’œuvre de l’âme allemande. Comme Fichte, bien qu’en un sens différent, Nietzsche ne voit, dans le peuple allemand, que le monde latin dit barbare parce qu’il est resté étranger à la civilisation optimiste, artificielle, le dépositaire intégral des forces natives de l’humanité.

  1. T. IX, p. 233.