Aller au contenu

Page:Lasserre - Les Idées de Nietzsche sur la musique, 1907.djvu/199

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
191
LES IDÉES DE NIETZSCHE SUR LA MUSIQUE


dre conscience de ce qui est l’œuvre elle-même ; des musiciens d’orchestre de théâtre, qui auparavant s’ennuyaient ; des compositeurs qui pratiquaient les procédés matériels pour enivrer ou fasciner l’auditeur et qui apprirent à manier les effets de couleur de l’orchestre wagnérien ; toutes les sortes de mécontents, lesquels à chaque bouleversement espéraient avoir quelque chose à gagner ; des hommes qui s’enthousiasment pour chaque soi-disant « progrès » ; ceux-là que la musique antérieure à Wagner ennuyait et qui trouvaient maintenant leurs nerfs plus fortement remués ; ceux encore qui s’emballent pour tout ce qui est téméraire et audacieux. — Il avait pour lui tantôt les virtuoses, tantôt une partie des compositeurs ; — ou les uns ou les autres se passeraient difficilement de lui. Il avait encore des littérateurs qu’agitent toutes sortes d’obscurs besoins de réforme ; des artistes qui admirent la vie indépendante[1].


Il écrivait encore ceci :


On doit bien songer quelle sorte d’époque se crée ici un art : une époque en dissolution, hors d’haleine, sans piété, cupide, sans forme, mal assurée sur ses fondements, presque désespérée, sans naïveté, entièrement consciente, sans noblesse, violente, lâche[2].

  1. T. X, p. 446.
  2. Ibid., p. 448.