Page:Lasserre - Les Idées de Nietzsche sur la musique, 1907.djvu/36

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
28
LES IDÉES DE NIETZSCHE SUR LA MUSIQUE


gorie du beau. Il n’y a pas de beau musical. Le beau a pour caractère l’ordre et la mesure. Le caractère de la musique inspirée, c’est le tumulte d’une ivresse intérieure, le déchaînement, le « démesuré ». Quand elle cherche à procurer le plaisir qui s’attache aux belles formes, elle se trompe sur elle-même et dégénère.


Richard Wagner a établi dans son Beethoven que la musique doit être appréciée d’après de tout autres principes que tous les arts plastiques et, d’une façon générale, qu’elle ne doit point l’être d’après la catégorie du beau, bien qu’une esthétique égarée, serve d’un art faussé et dégénéré, partant de ce concept de beauté qui vaut pour le monde de la plastique, se soit habituée à exiger de l’art musical une action semblable à celle des arts plastiques, savoir la production du plaisir des belles formes[1].


Cependant, si opposées que soient entre elles l’inspiration apollinienne et l’inspiration dionysiaque, il ne s’ensuit pas qu’elles puissent s’affirmer indépendammentl’une de l’autre, du moins avec puissance.

  1. Naissance de la Tragédie, p. 111.