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LES IDÉES DE NIETZSCHE SUR LA MUSIQUE


croyance. L’illusion qui nous fait croire à une certaine unité et logique universelle des choses n’est, à vrai dire, que l’objectivation infiniment multipliée de l’illusion interne qu’a le moi de constituer lui-même une réalité une, stable, définie, harmonique. Il y a un degré minimum de cette illusion, indispensable à tout être qui pense, propre dès lors à accorder tous les hommes, correspondant à ce que nous appelons connaissance, représentation vraie, lequel est déjà en son fond création esthétique. Le besoin esthétique proprement dit, du moins sous sa forme « apollinienne », commence là où ce minimum d’ordre et de cohérence des parties qui caractérise la réprésentation vraie, définissable, comportant un nom, ne suffit plus à la latisfaction de l’esprit. Et la force de ce besoin se proportionne à la sensibilité et à l’énergie de l’instinct vital, lesquelles nous font d’autant plus souffrir de toute la désharmonie inhérente aux choses qu’elles sont elles-mêmes plus vives. Le « beau », qui apporte à ce