l’humanité ne serait-il pas, lui aussi, un besoin
vital ? C’est le besoin de la fiction. Donc la vérité
est affreuse.
Mon premier livre est consacré à la dissidence de l’art et de la vérité ; la croyance à l’art professée dans la Naissance de la Tragédie a pour fond une autre croyance : à savoir qu’il n’est pas possible de vivre avec la vérité : que la Volonté de Vérité est déjà un symptôme de dégénérescence…[1].
L’unique possibilité de vivre est dans l’art. Ou bien il ne reste qu’à se détourner de la vie. Complet anéantissement de l’illusion, voilà la tendance des sciences : il s’ensuivrait le quiétisme — n’était l’art[2].
Quelle est l’origine de l’art ? Il est le remède de la connaissance.
La vie n’est possible que grâce à des fantômes esthétiques[3].
Si les Grecs présocratiques ont été par excellence le peuple artiste, créateur et amateur passionné de beaux mythes et de fables charmantes, c’est qu’ils avaient, avec plus de hardiesse intel-