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LES IDÉES DE NIETZSCHE SUR LA MUSIQUE


d’exciter l’activité de l’imagination visuelle et sentimentale, et là est un des éléments nécessaires de la séduction qu’elle exerce.

Logiquement, ces trois propositions se juxtaposent sans se commander ni s’exclure. Mais, au point de vue de la signification et des conséquences esthétiques, la troisième détruit la première, qui est la seule juste ; (la seconde, si elle ne va pas jusqu’à la détruire aussi, du moins l’obscurcit et lui ôte une partie de sa vertu). En effet, que l’idée non musicale engendre l’idée musicale ou qu’elle soit engendrée par elle, du moment qu’il y a de l’une à l’autre passage nécessaire, dans les deux cas la possibilité d’une création musicale se suffisant, ayant en soi sa propre fin, capable de susciter par elle-même une jouissance esthétique complète, est également niée. C’est la position que nous reprochons à Schopenhauer.

Nietzsche fait profession d’adopter toute sa théorie, et il l’adopte si bien qu’il la pousse jusqu’à des conséquences extrêmes, rigou-