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Page:Lasserre - Les Idées de Nietzsche sur la musique, 1907.djvu/76

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LES IDÉES DE NIETZSCHE SUR LA MUSIQUE


tact, sont trop loin l’un de l’autre pour pouvoir contracter plus qu’un lien extérieur ; le poème n’offre qu’un symbole et est à l’égard de la musique ce qu’est l’hiéroglyphe égyptien de la bravoure par rapport au guerrier valeureux lui-même. Les plus hautes révélations de la musique nous font sentir malgré nous la grossièreté de toute représentation imagée et de tout sentiment auquel on prétendrait trouver quelque analogie avec elles. Ainsi les derniers quatuor de Beethoven font honte à toute représentation sensible, et d’une façon générale à tout le domaine de la réalité empirique. Le symbole ici n’a plus en présence du Dieu souverain qui véritablement se révèle aucune signification : et même il offense par sa matérialité[1].


Négligeons le « Dieu souverain » et les autres allusions transcendantes. Nietzsche affirme que la véritable musique est la musique pure, nourrie et soutenue d’inspiration purement musicale et que la façon supérieure et vraiment artiste de goûter la musique, c’est de la goûter comme musique pure. Il élucide le véritable rapport du poème avec le chant par la distinction de l’occasion et de la cause. Ce n’est pas le texte poé-

  1. T. IX, p. 220.