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Page:Lasserre - Les Idées de Nietzsche sur la musique, 1907.djvu/79

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LES IDÉES DE NIETZSCHE SUR LA MUSIQUE


aux sentiments exprimés par le poème, mais le poème lui-même n’entre pour rien dans l’impression et n’y pourrait entrer d’ailleurs qu’au détriment de la grandeur de l’impression ; si la voix humaine concourt merveilleusement à la puissance et à l’expression de l’ensemble, c’est en tant que voix humaine, comme le plus pathétique et le plus noblement sonore des instruments. Quelque exagération que l’on puisse trouver dans ces idées, les artistes conviendront que Nietzsche en fait une application très conforme à la réalité dans cette analyse de la dernière partie de la neuvième Symphonie de Beethoven avec chœurs :


Que l’ode de Schiller « À la Joie » n’ait aucune espèce de convenance à l’ivresse dithyrambique rédemptrice de cette musique, et même qu’elle soit submergée comme un pâle rayon de lune dans cette mer de flamme, qui voudrait m’enlever ce sentiment très sûr ? Bien plus, à parler net, qui me contesterait que, si ce sentiment ne s’affirme pas d’une façon criante à l’audition de cette musique, c’est que, la musique réduisant déjà à rien notre sensibilité à