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Page:Lasserre - Les Idées de Nietzsche sur la musique, 1907.djvu/94

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LES IDÉES DE NIETZSCHE SUR LA MUSIQUE


que ». Mais l’impatience causée au lecteur par cet enfantillage sophistique qui se prolonge d’un bout à l’autre de la Naissance de la Tragédie est compensée par la force intuitive avec laquelle Nietzsche voit et fait voir qu’il y a au fond du génie grec et de l’humeur grecque un jugement pessimiste du monde et de la vie, que la fameuse « sérénité » grecque n’est pas du tout le privilège natif d’une race, mais une conquête de cette race vaillante et alerte, excitée par la lucidité même avec laquelle elle mesure le désordre et le non-sens de la nature spontanée et du destin, à y opposer le chef-d’œuvre volontaire d’un type humain logique, harmonieux, maître de soi-même.


De vous, écrivait Nietzsche dans un projet de dédicace de la Naissance de la Tragédie à Richard Wagner, de vous seul je sais que comme moi vous distinguez entre un vrai et un faux concept de la « sérénité grecque », et que le second, le faux, vous le rencontrez sur tous les chemins et sentiers, jouissant d’une sécurité béate ; de vous je sais également que vous tenez pour impossible, quand on part de ce concept, de