Page:Latil - Les Éphémères, 1841.djvu/104

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Qu’emporté loin du nid dans un coup de tonnerre,
La tourmente, pour moi, fut la seconde mère
Qui berça mon enfance et me tendit le sein ;
Que l’ouragan m’entend jeter des cris de joie ;
Que du fier océan, où le bulbul se noie,
Mon aile fouette le bassin !

Je me croirais débile, et toujours dans l’enfance,
Si le Monde gardait à mon nom le silence.
La haine, c’est l’Amour et son brûlant flambeau !
Cela vit, cela veut, cela porte une face ;
Je souris quand son dard s’émousse à ma cuirasse !
L’indifférence est un tombeau !

Aux veines de la fleur qui le poison distille,
L’abeille va pomper pour doter son asile,
Un Pactole enivrant aux dorés flots de miel.
Mon cœur possède aussi la grande urne chimique
Qui transforme en nectar tout mortel narcotique,
Que je bois au banquet du ciel !