Page:Latil - Les Éphémères, 1841.djvu/112

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée


J’admirais en secret ta naïve candeur,
Qui croyait que la joie, ainsi que dans ton cœur,
Résidait dans mon âme où la mélancolie
Est le seul aliment qui lui donne la vie ;
Où la sombre pensée étend son voile noir,
Où le bonheur éteint n’a pas laissé d’espoir !

Ah ! je voudrais pour toi que cette âme épuisée
Exhalât quelques chants, mais ma lyre est brisée !
Brisée !… et pour toujours par la main du malheur,
Qui torture ma vie et rit de ma douleur,
Vampire dévorant, d’infernale nature,
Dont l’homme est, ici-bas, l’éternelle pâture.

Et crois-tu donc, enfant, que je doive chanter,
Quand tout sert dans ma vie à la désenchanter ?
J’ai marché longtemps dans ce désert aride,
Vaste océan de maux, sans compagnon, sans guide.
Au milieu du chemin, triste et désespéré,
De doute en doute errant, je me suis égaré.