Page:Latocnaye - Promenade d’un Français dans la Grande Bretagne, 1795.djvu/35

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défendre aux paysans sous peine de confiscation, d’apporter a cette époque des melons au marché, pour prévenir les dyssenteries et autres maladies contagieuses qu’ils occasionaient parmi le peuple, qui les achetaient a bas prix, et s’en nourissaient, sans avoir le moyen d’en corriger les mauvaises qualités par quelque liqueur forte ; car le vin était assez cher, et l’on ne fabriquait presque point de bierre.

Les Prussiens venants d’un pays a qui la nature a refusé presque toutes sortes de fruits, et qui vraisemblablement voyaient des melons et des raisins pour la première fois, tombèrent dessus avec une avidité incroyable, et d’ailleurs dévorans comme a leur ordinaire toutes les choses grasses, qui leur tombaient sous les mains, ne tardèrent pas a se ressentir dans les plaines de la champagne, des excès qu’ils avaient commis près de Verdun, ou le Roy de Prusse et le Duc de Brunswick, jugerent a propos de les laisser douze a quinze jours a fin de donner le temps a Dumourier de joindre sa petite armée avec celle de Kellerman, et d’être certain que leurs soldats eussent gagné un germe de mort, qui ne tarda pas a se developer, lorsque fati-