Page:Latocnaye - Promenade d’un Français dans la Grande Bretagne, 1795.djvu/36

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fati- par de longues marches, harrassés par des pluyes continuelles, ils manquèrent encore de vivres.

On faisait courir des bruits étranges parmi nous ; tantôt les patriotes entourés de toutes parts, ne pouvaient échapper ; tantôt ils avaient mis bas les armes, et le Roy venait en personne se mettre a la tête de la noblesse, &c.

Cependant le surlendemain d’une petite action ou les patriotes furent maltraités, on nous mit en mouvement ! quoique durant les sejours, les re flexions sombres ne nous laissaient pas tranquille sur notre paille, le moindre mouvement ranimait nos ésperances, et nous crûmes encore une fois marcher, sans autre délai, sur Paris. Malheureusement le second jour nous fumes arrêtés, et ne pûmes atteindre les villages qui nous étaient déstinés. La forêt d’Argonne était encore occupée par les Carmagnoles, on nous fit rebrousser chemin, et nous demeurâmes quatre jours dans un mauvais village du voisinage ; puis enfin partant a deux heures du matin, nous passames devant le beau chateau de Buzansay, et sans nous arrêter, qu’une heure, au milieu de la plaine, et sans prendre de rafraichissement, nous traversames cette