Page:Latocnaye - Promenade d’un Français dans la Grande Bretagne, 1795.djvu/39

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fut défendu d’y toucher, de sorte que plusieurs allèrent au loin en chercher, au risque de trouver la troupe partie a leur retour ; on se partagea le peu de provision qu’on avait avec soi, et crainte de rien perdre, et pour avoir un meilleur cœur a l’ouvrage, on ne reserva rien, et l’on but jusqu’a la derniere goutte de liqueur que l’on pouvait avoir.

Enfin on apperçut quelques troupes a une grande distance ; un mouvement joyeux, engagea chacun a monter a cheval, dont nous fumes bientôt obligés de descendre ; c’était des Prussiens : et après dix a douze heures d’une attente très vive, la journée finit par nous cantonner au misérable village de la Croix en Champagne, qui avait été pillé par les Prussiens, parceque les paysans avaient, cherché a s’y deffendre ; ils s’étaient retirés dans les bois loin de la, et nous n’y trouvâmes que des femmes, qui d’abord dirent qu’elles n’avaient rien du tout, mais qui enfin, lorsqu’elles furent certaines qu’on payait, et meme qu’on payait bien, découvrirent leur cachette, qui furent bientôt consommé.

Il était curieux de voir comme chacun s’évertuait pour tacher de trouver des vivres pour lui et son cheval ; la jalousie qu’on en avait, et la