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Page:Latocnaye - Promenade d’un Français dans la Grande Bretagne, 1795.djvu/38

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annoncer qu’une bataille allait se donner ; les équipages étaient rangés autour des moulins a vent, et gardés par quelque troupes. Les princes passerent dans nos rangs ; et je me rappelle parfaitement bien, avoir entendu le Comte d’Artois dire en passant dans la compagnie ou j’étais : « Enfin, Messieurs, c’est ce soir que nous les voyons, c’est ce soir que nos malheurs finissent. »

Jamais je n’oublierai le superbe coup d’œil que presentait huit a neuf mille homme de cavalerie, composé pour la plupart de la noblesse de France, montés a leur frais, attendant en silence et avec joie le moment de se signaler pour leur cause, et du succès duquel dépendait peutêtre pour jamais, leur propriétés, leur femmes, leur enfants, l’ancienne constitution de leur pays, la vie de leur roy, en un mot, leur bonheur futur, et tout ce qu’ils avaient de plus cher. Après quelques heures d’une attente inutile, la faim, et plus encore la crainte, de voir nos chevaux manquer de défaillance, au moment de l’action, commencèrent a agiter les ésprits : il y avait entre les deux colonnes, de l’avoine coupé ; on s’apprêtait a la donner aux chevaux ; mais on y plaça des sentinelles, et il