Page:Latocnaye - Promenade d’un Français dans la Grande Bretagne, 1795.djvu/41

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cellent champagne. Je laisse a penser si après la misere que nous avions essuyé, jamais un aspect plus agréable pouvait s’offrir a nous ; toutes nos peines furent bientôt oubliées, et pour un rien nous aurions dansé. Nous retournâmes au cantonnement comme en triomphe, la selle entourée de poulets pendus par les pieds, de gros pains ronds percés dans le mileu et suspendus a une corde, des bouteilles de vin dans la musette du cheval, et dans nos poches ! un si heureux succes donna envie de l’essayer encore, mais les patriotes avaient été avertis, et l’on fut obligé de batailler, sans rien attraper, que des coups.


LA RETRAITE.


NE me demandez pas ce que faisaient les Prussiens et les patriotes pendant tout le tems que nous fumes a la Croix en Champagne, manquans de pain, et bâillants aux corneilles, sans avoir rien du tout a faire ; quoique nous ne fussions qu’a quelques milles des patriotes ; mais nous ne fumes point attaqués, et nous les laissames en