Page:Latocnaye - Promenade d’un Français dans la Grande Bretagne, 1795.djvu/6

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nible ; enfin, vouz n’avez pas été témoin de ce licentiement fatal, qui acheva d’arracher le bandeau de dessus nos yeux, et nous montra tout à coup l’abyme qui devait nous engloutir.

Vous jouissiez déjà, sur une terre protéctrice, de la paix, et même de la consolation d’avoir des nouvelles de vos parens, et n’aviez d’autres inquiétudes que pour les amis que vous aviez laissé derrière vous. Vous avez souffert les miseres de cette fameuse campagne, mais elles étaient soutenues par l’éspérance de les voire bientôt finies, et par un réste d’égard que les Prussiens et Autrichiens avaient conservé pour nous, mais qui disparut bien vite après que notre sort eut été déterminé. Vous m’engagez à vous dire, ce que je suis devenu depuis que je pris congé de vous a Coblence, et que nous fumes séparés, peut-être pour toujours. Vous me demandez aussi quelques détails sur cette campagne dont vous étiez un acteur aussi bien que moi. Quoique je ne sois pas beaucoup plus savant que vous sur cet article, je vous dirai, en vrai soldat, ce qui s’est passé autour de mon poste ; là tout c’est ce dont