Page:Latocnaye - Promenade d’un Français dans la Grande Bretagne, 1795.djvu/7

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je suis certain. Quant aux manœuvres, aux batailles, &c. à dire le vrai, je ne les ai connu qu’à mon retour dans le monde, en lisant les papiers qui en parlaient, et n’en n’avais pas eu la moindre idée jusqu’alors ; je suivais le torrent, pansais mon cheval, le sellais, le bridais, le pourvoyais de fourage, faisais cuire ma soupe, dormais sur la paille, souvent à la belle étoile, et m’imaginais tous les jours que je verrais le lendemain les clochers de Paris. Cependant je suis du moins en état de vous raconter la marche que fit le corps d’armée, dont je faisais partie ; et c’est, ce dont, pour vous satisfaire, je vais tacher de me rappeller, depuis le moment ou nous reçûmes ordre de marcher à Bingen, après avoir quitté Coblence, pour faire place à nos bons amis les Prussiens. Lorsqu’après les différentes manœuvres des cours de Vienne et de Prusse, les Carmagnoles constitutionels declarerent la guerre, imaginant naturéllement qu’il y avait une monde de soldats dans le Brabant, nous en fumes enchantés à Coblence, parce que disions nous, rien ne pouvait arriver plus à propos pour