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Page:Latocnaye - Promenade d’un Français dans la Grande Bretagne, 1795.djvu/67

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ne sais pas s’il y avait la rien de bien réél, Mais il est sur que les états et le prince consentirent a nous cantonner dans les petites villes et les villages, a nous donner une livre de pain de munition, et une demie livre de viande par jour, et le fourage a nos chevaux. En attendant que les cantonnemens fussent formés, on nous logea comme on put dans de miserables villages, dont les habitans cependant ne nous traitaient point mal, et partageaient avec nous le peu qu’ils possedaient. Les princes furent logés a la chartreuse, un couvent magnifique près de la ville.

Apres quelques jours de repos, me trouvant si près d’une grande ville, je me sentis un violent desir de savoir ce qui se passait au monde ; car depuis plus de cinq mois je l’ignorais aussi entierement, que si j’eusse passe ce temps a dormir, et mon éxistence n’avait pas été très différente de celle d’un arbre dans une forêt, qui reçoit toutes les impulsions que le vent donne a ses voisins et a lui-même, sans savoir d’ou il vient. Un jour donc, après en avoir obtenu la permission, je me rendis a Liège. Toutes les auberges étaient pleines a un point incroyable ; ce ne fut qu’avec la plus grande difficulté que je parvins a me loger dans une mise-