Page:Latocnaye - Promenade d un Francais dans la Grande Bretagne - 2e edition, Fauche, 1801.djvu/21

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prévenu d’avance, et qu’il acceptât, on le conduisait dans un dépôt pour Batavia, où après avoir été bâillonné et garrotté, on le jetait à fond de cale de quelques-uns des vaisseaux pour ce pays, où il était obligé, pendant toute sa vie, qui communément n’était pas longue, de servir comme esclave, ou soldat, la très-honorable compagnie des Indes Hollandaise. Il y a fort peu d’exemple, on pourrait presque dire point, que quelques-uns de ces malheureux, soient jamais revenus dans leur pays.

On sent que dans ce moment, les émigrés courant de toutes parts sans but déterminé étaient quelque chose de fort tentant pour les Seelverkäufers. Il n’y a pas le moindre doute que plusieurs n’ayent eu le malheur de faire le voyage : à ma connaissance, je sais que deux ou trois, ne sont parvenus à se tirer d’affaire qu’en coupant quelques nez et quelques oreilles.

Comment les puissances de l’Europe souffraient qu’une poignée de marchands impudens, enlevassent ainsi, par ruse ou par force, ceux des basses classes de leurs sujets, qui venaient les visiter : c’est un problème qui ne se résoudrait pas à leur avantage. Les grandes nations maritimes, qui pourraient écraser les Barbaresques, ont d’un autre côté, par de vils motifs d’intérêt, fait une paix honteuse avec eux, et ainsi tolèrent leurs déprédations et ferment les yeux, lors même qu’ils