Page:Latocnaye - Promenade d un Francais dans la Grande Bretagne - 2e edition, Fauche, 1801.djvu/20

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les voyageurs à assez bon marché ; nos compagnons Hollandais burent et fumèrent tout le temps de la route, et malgré nous pour leur rendre ce que nous recevions d’eux, nous fumes obligés de les enfumer aussi, ce dont ils parurent charmés. Il est cependant très-désagréable d’être obligé de changer de bateau à chaque écluse, à cause du transport des effets ; non-seulement les porte-faix font payer plus cher pour leur transport d’un bateau à l’autre que le voyage ne coûte, mais encore, on en trouve souvent d’égarés.

Un honnête homme dans le bateau d’Utrecht à Amsterdam, nous donna l’avis de ne point nous fier aux gens qui viendraient pour nous conduire, disaient-ils, à une bonne auberge, ou pour porter nos effets, sans quoi nous eussions peut-être été seelverkäufé.

Les Hollandais avaient alors parmi eux, un grand nombre de ces abominables vilains qu’ils nommaient Seelverkäufer (vendeurs d’ames) : ils étaient tolérés et même employés par le gouvernement, sans être protégés par lui, car si l’un d’eux était tué en s’acquittant de son office, les magistrats n’informaient pas plus contre le meurtrier, que s’il n’eût tué qu’un chien. Ces aimables messieurs attendaient les étrangers, à l’arrivée des bateaux, offraient de porter leurs effets, de les conduire à une bonne auberge, enfin tous les petits offices d’un porte-faix. Si l’étranger n’était point