Page:Latocnaye - Promenade d un Francais dans la Grande Bretagne - 2e edition, Fauche, 1801.djvu/24

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Bientôt nous joignimes la Haye, où nous fumes à la comédie française, et eumes le plaisir d’entendre chanter, « Ô Richard ! ô mon roi ! » à plusieurs reprises. Le Stadthouder y vint avec sa famille qui fut beaucoup applaudie, ce qui, vu les derniers troubles, ne nous parut pas très-extraordinaire. Dans les temps orageux, l’esprit du parti dominant cherche à se montrer avec violence : en temps de paix lorsque tout le monde est du même avis, on n’a pas besoin de se tourmenter pour le faire approuver. Je crois que cette réflexion assez simple, pourrait s’appliquer également bien aux démocrates de France. Quel est l’homme un peu sensé, qui se mettant à la place d’un royaliste en France ne sente pas, que non seulement il se tairait, mais même qu’il donnerait tout ce qu’on lui demanderait, ferait tout ce qu’on lui dirait, et cela de la meilleure grâce possible, sans se faire prier.

Puis nous embarquant encore, nous passames à Delft, jolie ville hollandaise, semblable aux autres, et bientôt nous arrivames à Rotterdam, où nous attendaient toutes les impertinences que les singes, s’ils étaient réunis en société, pourraient faire à quelques hordes étrangères, chassées par des tigres.

Les Seelverkäufers (en conséquence du grand nombre d’émigrés qui étaient venus dans cette ville, pour effectuer leur passage en Angleterre)