Page:Latocnaye - Promenade d un Francais dans la Grande Bretagne - 2e edition, Fauche, 1801.djvu/25

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se trouvaient par-tout ; c’était avec la plus grande difficulté qu’on se défendait de leurs importunités ; ils avaient l’air de s’appitoyer sur le sort des émigrés, s’emparaient de leurs effets, leur promettaient de les conduire dans une bonne auberge, où ils seraient traités à bon marché etc., mais nous étions prévenus, et ne répondions à toutes ces politesses qu’en menaçant de les assommer, s’ils ne nous laissaient pas tranquilles.

Le prix des auberges était triplé, et quelques maîtres voulant profiter de l’affluence, avaient l’impudence d’augmenter de prix de jour en jour ceux qui étaient chez eux, et qui avaient fait marché ; quant à ceux qui se fiaient à leur bonne foi, il est plusieurs fois arrivé, qu’ils leur ont demandé des prix fous, que souvent le magistrat obligeait de payer. Une fois cependant l’on m’a dit, qu’un maître d’auberge ayant conduit un Français chez le juge pour le forcer de payer trois louis, qu’il lui demandait pour avoir passé une nuit chez lui. Le magistrat s’étant informé du Français s’il avait fait marché avant ? sur la négative, il lui dit, qu’il était bien fâché, mais qu’il devait payer. Ayant ensuite lu quelques papiers de police ; mais vous, monsieur, dit-il, à l’aubergiste, vous n’avez pas mis le nom de monsieur sur votre état : et il le condamna à payer l’amende de quatre louis qui avait été fixée dans ce cas, sur lesquels il rendit les trois au Français, en l’exhortant