Page:Latocnaye - Promenade d un Francais dans la Grande Bretagne - 2e edition, Fauche, 1801.djvu/50

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séduire tous les électeurs. Ceux-ci sont généralement très-justes dans leurs élections, et celui qui leur donne le plus d’argent, de dîners et de fêtes est sûr de l’emporter sur ses adversaires, mais ce n’est pas une petite affaire comme l’autre ; j’ai connu des gens qui avaient dépensé pour se faire élire jusqu’à soixante mille livres sterlings, et quelquefois même, sans pouvoir y réussir ; l’instant des élections est vraiment un moment de triomphe pour toutes les classes subalternes de la société ; aussi je ne suis point surpris, que l’on demande à si hauts cris la réforme du parlement, c’est-à-dire que les représentans des bourgs soient élus comme ceux des comtés, car alors ils auraient plus d’acheteurs, plus de dîners et plus de courbettes. C’est un grand abus de vendre les charges, dit Marcelline. Oui, sans doute répond Bride-Oison, on-on fe-ferait-rait bien mieux-eux, de nous les-les don-donner pour-pour ri-rien.

Toutes les classes portent l’orgueil de leur liberté[1] of true born Englishmen, à un point souvent fatiguant, qui cependant peut quelquefois produire de bons effets en ajoutant à leur énergie : comment se fait-il donc que ces fiers personnages ayent à leur service des êtres assez avilis pour qu’ils ne soient pas révoltés à la

  1. De véritables Anglais de naissance.