Page:Latocnaye - Promenade d un Francais dans la Grande Bretagne - 2e edition, Fauche, 1801.djvu/54

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

plutôt trois fois par jour, que votre cravatte n’ait pas un pli, que vos bas soient bien tirés, (prenez garde sur-tout, de n’en point avoir de gris) ayez grande attention à vos toilettes, car il vous en faut faire plus d’une : si vous négligiez ces objets importans, eussiez-vous autant d’esprit que défunt Cicéron, vous pouvez compter qu’on vous traitera comme un sot.

Je fus un jour dans un des clubs qui sont si nombreux à Londres : après avoir réglé le destin de l’Europe, un des orateurs élevant la voix plus haut qu’à l’ordinaire, s’écria : « Ce Clairfait est vraiment un maître homme, il vient de sauver l’Allemagne par la prise du Rhin, » et se tournant de mon côté avec un air d’importance, « Vous avez sans doute été dans ce pays-là, dit-il, ce doit être une place terriblement fortifiée ? » Oui, certainement, lui répondis-je, c’est une grande place d’eau. Alors quelqu’un, après avoir fait un grand éclat de rire, prenant un air sage : « Je vous prie, me dit-il, quel était le nom de l’amiral français dans cette occasion. » Lorsque j’eus fait connaître que le Rhin n’était pas beaucoup plus large que la Tamise à Chelsea, ils s’étonnèrent fort qu’on en eût tant parlé, car dirent-ils, avec beaucoup de sagacité, il n’est rien de si aisé que de passer la rivière dans un bateau.

Comme je ne prétends pas charger de bévues pareilles, les seuls habitans de Londres, voici