Page:Latocnaye - Promenade d un Francais dans la Grande Bretagne - 2e edition, Fauche, 1801.djvu/55

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un petit conte qui renvoie la balle à nos gens.


Quelques honnêtes gens en un lieu rassemblés,
Parlaient, sans disputer, du paysan, des blés,
Des états généraux, du tiers, de la noblesse,
Des différens impôts, des censeurs, de la presse,
Des voleurs, des archers, enfin de ce fatras
Que le monde discute et n’entend presque pas ;
Quand par transition, chose en tout temps commune,
Ils vinrent à parler, du soleil, de la lune,
Et de tout l’univers. Sur ce vaste sujet
Chacun à sa façon en son coin raisonnait ;
Car par-tout et de tout, le faible humain raisonne
Ou plutôt déraisonne, et depuis la Sorbonne
Jusques..... aux Porcherons, il n’est certes personne
Qui ne veuille employer la noble faculté,
D’Ergo, que lui donna la céleste bonté.
Deo gratias, c’est clair ! Or, dans l’aréopage
Susdit, il se trouva certain homme à l’air sage,
Au maintien suffisant, qui d’un ton mielleux,
Donnant son avis, dit, quand je vois dans les cieux
Rouler ces deux grands corps, (quoique tout soit au mieux),
Je pense que la lune est bien plus nécessaire,
Car le soleil enfin paraît quand le jour luit,
Ce qui semble inutile, et la lune au contraire
__________Ne paraît que pendant la nuit.


Tous les gens de métier et artisans, en Angleterre, mais sur-tout à Londres, ont le bon esprit de ne s’occuper que d’une chose à-la-fois, qu’ils font, il est vrai dans la plus grande perfection, mais ils n’ont pas la moindre idée de ce qui l’approche le plus. Demandez à un homme