Page:Latocnaye - Promenade d un Francais dans la Grande Bretagne - 2e edition, Fauche, 1801.djvu/57

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en ministériels, c’est-à-dire qu’ils sont payés par un des deux partis. On m’a parlé d’un rédacteur qui dirigeait deux papiers, dont l’un était pour le ministère et l’autre pour l’opposition ; voilà ce qui s’appelle être adroit : cet homme sera toujours sur ses pieds quelque chose qui arrive. Le gros de la nation, en général, ne lit guères que ces papiers et y puise le peu d’information qu’ils peuvent donner ; avec un peu d’attention, dans les meilleures compagnies, lorsque la conversation prend un tour sérieux, on est tout étonné de n’y trouver guères que l’esprit des journaux, même pour des choses qui n’ont aucun rapport à la politique : les seuls livres au fait, qui peuvent prétendre à quelque succès, sont d’insipides romans bien soporifiques, où l’auteur fait venir des (ghosts) revenans, le clair de la lune, des voleurs, de faux monnayeurs, de vieilles armures, the warlike prince Edward[1], le duc de Bedfort et Charles le Dauphin, se prétendant roi de France, car c’est toujours là le grand sujet.

Les gens instruits, se trouvent plus communément parmi l’espèce qu’on désigne à Londres, sous le nom de half starved Scotch rats[2], qui tout en laissant à maître Jaques Roastbeef, la liberté de se moquer d’eux, réussissent presque

  1. Le belliqueux prince Édouard.
  2. De demi-affamés rats écossais.