Page:Latocnaye - Promenade d un Francais dans la Grande Bretagne - 2e edition, Fauche, 1801.djvu/70

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aussi sur nos pas, mais le cocher dit avec emphase : « G—d d—m ; they are strangers, and where are Englishmen on horseback to be found, attacking strangers on foot, upon the high way ?[1] »

Quoi qu’il en soit, je fus enchanté de l’occasion, et nous poursuivimes notre chemin. La malice entrait bien pour quelque chose dans cette détermination. Il me paraissait si extraordinaire d’être volé en plein jour, entre la capitale et la résidence du roi, que je crois en vérité que le plaisir de le raconter à toute la terre, m’eût empêché d’en être fâché. Mais les voleurs nous regardèrent dédaigneusement, et sans nous dire un mot, ce qui choqua presque notre amour-propre : des émigrés voyageant à pied, ne sont pas le gibier qu’il leur faut.

À travers un pays assez bien cultivé et très-varié, nous atteignimes Windsor. Malgré la fatigue de notre longue marche, la curiosité nous entraîna sur la terrasse. Nous primes tant de plaisir à considérer l’immense vue qui s’offrait à nous, que la nuit nous surprit, il fallut bien nous retirer ; car la nuit, quand on est bien fatigué, la plus belle vue, est celle d’un bon lit.

Le lendemain de grand matin, nous retournames sur la terrasse, et après avoir admiré quelque

  1. Dieu me damne ils sont étrangers, et où sont les Anglais à cheval, qui se permettraient d’attaquer des étrangers à pied sur le grand chemin.