Page:Latocnaye - Promenade d un Francais dans la Grande Bretagne - 2e edition, Fauche, 1801.djvu/71

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

temps la beauté et l’étendue de la vue, le vieux château réparé, le donjon, et la mauvaise statue qui est au milieu de la cour, aussi bien que la chapelle gothique sur les vitraux de laquelle, il y a plusieurs peintures modernes de la plus grande beauté : nous fimes une longue promenade dans le parc, en caressames les chevreuils, qui sont privés comme des chiens, puis retournant à la ville, je pris congé de lui, en l’embrassant le plus cordialement du monde, en bon français au milieu de la rue. Cette manière d’agir nous attira le regard de bien des gens, qui j’imagine, s’étonnaient fort de notre façon de faire ; dans ce pays ce n’est pas l’usage d’embrasser, on se contente de serrer vigoureusement les doigts à son ami, quand on le revoit ou quand on le quitte, en raison de l’intérêt qu’on lui porte, car si on lui est peu attaché on ne fait que lui toucher très-légèrement dans la main, avec un ou deux doigts et sans les fermer, comme si on craignait de se brûler. On doit aussi toujours ôter son gant, ou dire, excuse my glove, Sir[1].

Après avoir marché à-peu-près huit à neuf milles, je rencontrai le coche de Londres : me trouvant fatigué, je fis signe avec mon pouce, suivant l’usage ; le cocher arrêta, et je me plaçai plus haut que personne sur la place impériale.

  1. Excusez mon gant, monsieur.