Page:Latocnaye - Promenade d un francais en suede et en norvege, 1e part, 1801.djvu/117

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évité les excès, dont les autres réformateurs se sont assez généralement rendus coupables.

Il y a quatre ordres dans l’état : la noblesse, le clergé, la bourgeoisie et les paysans[1]. De tous les gouvernemens établis sur la face de la terre, celui de Suède est le seul qui ait appelé cette dernière classe d’hommes d’une manière fixe et positive, aux assemblées de la nation. En donnant, çomme en France, le droit à tout le monde de siéger aux assemblées, les paysans y peuvent être par le droit, mais n’y sont jamais par le fait. Cependant on ne peut se dissimuler que le cultivateur propriétaire, ait un peu plus d’intérêt à s’y trouver, que des avocats, des procureurs, des médecins et autres artificiers de parlerie, comme dit Montaigne, ou même qu’aucun homme

  1. Nous n’avons point d’autres termes dans la langue française pour exprimer le mot Bonde. Il est sûr cependant que l’idée que nous donne celui de paysan ne rend pas l’autre. J’ai vu tels Bonde avoir une fortune de cinquante à soixante mille Rixdallers (300 000 liv. tournois) d’ailleurs bien élevés. Ce n’est pas là ce que nous entendons par le mot paysan. Il répondrai : plutôt à celui de Torpare (métayer) ou à celui de Handverkare (manœuvre ou journalier), mais ces deux dernières classes, qui ne sont point propriétaires. ne sont point représentées à la diète. Il arrive souvent qu’un Bonde en emploie dix ou douze. Un Bonde est un habitant de la campagne, un propriétaire labourant lui-même son terrain.