Page:Latocnaye - Promenade d un francais en suede et en norvege, 1e part, 1801.djvu/161

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les cils de ses yeux pour le regarder : c’est à la lettre réellement, je sentais le froid pénétrer mes yeux et m’y faire mal, je les fermais alors, et si je les tenais cinq ou six minutes dans cette situation, les cils se collaient et je ne pouvais les détacher qu’en appliquant la main dessus.

Enköping est une très petite ville toujours située sur le Mälarn ; je descendis à la poste. Dans la chambre où se tiennent les postillons, je fus témoin de la scène la plus originale ; quatre ou cinq grands gaillards dormaient sur les bancs, trois jouaient, d’autres fumaient, et deux paysans se battaient à coups de poings, au milieu de la chambre. Plein de cette belle idée anglaise, « que l’on ne doit pas empêcher les gens de se battre quand ils en ont envie », je n’assis fort tranquillement et les regardai faire, ainsi que tous les autres. Au bout de quelques instans cependant, l’un d’eux reçut un coup de poing qui lui ensanglanta la figure, et lui fit mesurer le plancher. Comme son adversaire voulait continuer à le battre, cela me sembla trop fort : je le pris par le collet et lui fis faire une pirouette. L’autre se releva et voulait encore se battre. Comme le cheval était prêt, je leur souhaitai bien du plaisir et je me remis en route.

C’est à Lislena, la poste avant d’arriver à