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pluie à verse qu’on disait excellente pour la terre ; me consolant comme je pouvais, du mal particulier, par l’idée du bien général.

Je ne pus passer près du joli palais de Haga, sans lui rendre cette dernière visite. C’était la demeure favorite du feu roi : il n’avait rien négligé pour la rendre agréable, et il y avait bien réussi, c’est sous ce nom que Gustave III avait voyagé en France en 1785, et qu’il avait passé en revue à Châlons-sur-Saône le régiment dans lequel j'étais. Certes alors, je n’avais pas lieu de croire qu’en 1799, après neuf ans de malheur et d’exil, la fortune me conduirait à la terre dont il portait alors le nom, pour joindre aux regrets de sa perte des souvenirs cruels et bien inutiles.

La disette se faisait sentir près de Stockholm : les paysans manquaient sur-tout de fourrage ; ils avaient découvert les écuries, les granges et même leurs maisons, pour donner la paille des toits, à leurs bestiaux. Il ne faut pas conclure de ceci que ce fut un cas bien extraordinaire. Sur dix ans on s’attend communément a trois années de disette : pour en prévenir les fâcheuses conséquences, les paysans dans les bonnes années, couvrent leurs habitations d’une couche épaisse de paille, et dans les mauvaises ils sont fort aises de la trouver.