Page:Latocnaye - Promenade d un francais en suede et en norvege, 1e part, 1801.djvu/28

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lettres pour ses anciens amis, qui me confirmèrent dans ma résolution.

Comme à mon ordinaire désirant prendre congé des personnes qui avaient été les premières à m’accueillir, je me remis en route. La tension dans laquelle étaient les esprits, rendait tout voyage pour un étranger, assez peu agréable : il était en but aux soupçons de toutes les personnes à qui il pouvait avoir besoin de parler. Dans ce moment (en juin 1798) le nom de français était loin d’être une recommandation. La curiosité et la défiance étaient beaucoup plus fortes qu’a l’ordinaire ; j’en essuyai à Kinghorn un trait assez original. Étant arrivé trop tard pour le bateau public, je m’arrêtai à l’auberge près du port. Les garçons parlèrent de moi à un voyageur, homme du pays, qui jugea à propos de m’inviter à boire une bouteille de vin avec lui, afin de me faire jaser ; je jasai et je bus tant qu’il voulut, regrettant seulement de ne pas trouver tous les jours, des curieux qui sussent si bien s’y prendre. Je me retrouvai enfin dans le Sterling-shire et y reçus comme à l’ordinaire les attentions de mes amis qui, quoique très-agréables, étaient cependant encore troublés par les vétilles qui avaient agité les esprirs l’anée d’avant, au sujet de M. Pitt et de M. Fox.

Je songeai bientôt a mon départ : une flotte