Page:Latocnaye - Promenade d un francais en suede et en norvege, 2e part, 1801.djvu/38

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

saumon crud, suivant l’usage, décora bientôt sa table. Il me dit que je pouvais encore aller trois milles dans la cariole, mais qu’après je ne pourrais plus guère aller qu’à pied, à cheval, ou par eau, suivant les circonstances. — Pourquoi le bon vicaire ne me dirail pas qu’il valait mieux monter a cheval dès-lors ! il m'aurait épargné bien des maux.

Après avoir attendu quatre heures, le cheval vint enfin ; le postillon me sembla avoir plus de sup qu’il ne fallait. Accoutumé aux bons chemin ; de la Suède, je ne m’en inquiétai guères et je partis. Cela alla assez bien pendant un mille à-peu-près ; le chemin était cependant souvent très-effrayant, j’avertis plusieurs fois mon homme de prendre garde ; j'allais toujours cependant, admirant la beauté du coup-d’œil et la belle rivière, dont la route suivait les détours.

Tout-à-coup mon homme s’avisa de toucher son cheval dans un mauvais pas, la roue passa sur une grosse pierre, la cariole versa et me précipita à travers les arbres d’une quinzaine de pieds, jusques sur le bord de l’eau, où quelques broussailles n’empêchèrent de tomber. Dans la chute, ma jambe s’accrocha entre deux branches d’arbre, glissa entre elles et j’arrivai à terre le genou tordu, démis, hors d’état de me remuer.