Page:Latocnaye - Promenade d un francais en suede et en norvege, 2e part, 1801.djvu/39

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Seul, éclopé dans un pays si reculé, si loin de tout secours, que devenir ? Oh ! qu’alors le beau pays et la belle rivière de l’Ôngerman me parurent horribles. Je me calmai bientôt et me résignant, j’appelai le conducteur ; la chûte l’avait jeté sur le chemin, où il criait comme un malheureux. Il vint bientôt à moi ; il avait eu une légère blessure au front, mais la vue de son sang lui avait fait une peur épouvantable, et il criait non pas de son mal, mais de celui qu’il croyait avoir, suivant qu’il arrive assez souvent.

Il voulait m’aider à me relever, mais ce n’était pas possible ; il voulut me porter, mais à peine pouvait-il se porter lui-même ; il fut enfin obligé d’aller chercher du secours. — Pendant ce temps, je restais là, sur le bord de l’eau, faisant des réflexions assez peu gaies.

Trois hommes vinrent enfin, ils me portèrent sur le chemin et dans la maudite cariole. J’avais compté passer la nuit à Rusélé, qui n’était guères éloigné que d’un quart de mille. Je m’y fis conduire ; je demandai le pasteur et je lui comptai mon histoire ; il m’engagea à descendre. Comme la douleur n’était pas fort considérable, j'imaginai qu’avec de l’aide je pourrais marcher, mais au premier pas, le genou tourna et je tombai à la renverse ; le bon vieux curé, qui s’ima-