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Page:Latocnaye les causes de la révolution.djvu/118

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Dans la matinée du treize, la populace pilla l’école dé St. Lazare, et plusieurs autres maisons, qu’on lui avait indiqué, sous le prétexte qu’on y avait caché du bled ; un manque artificiel de cette denrée de premiere nécéssité avait été pratiquée à Paris, aussi bien que par tout le royaume, afin d’être plus sùr de l’esprit de la multitude ; quelques filous profiterent du tumulte, pour voler différents effets dans les poches, mais comme leur vol n’avait pas le bien de la nation pour objet, le peuple en fut si scandalizé, qu’on les conduisit sur la place de grève, et on les pendit à la lanterne, qui depuis a si souvent et si cruéllement été employé au même usage.

Il était nécéssaire, que les insurgés eussent une marque distinctive ; ils prirent en conséquence, une cocarde verte et blanche ; mais quelqun ayant fait remarquer que le verd était la couleur du comte d’Artois, on la changea en bleu, rouge et blanc, qui étaient celles du Duc d’Orleans. Ainsi l’insurrection se fit, avec les couleurs de cet homme vil, et même après, lui avoir enfin fait justice, les Français les préferent encore, aux lis sans tache .... pour faire connaitre de quelle espéce de liberté, le peuple se préparait à jouir, ceux qui n’avaient prés cette cocarde nationale à leur chapeau, étaient insultés et couverts de boue.

Le 14, la populace fut conduite par la nouvelle milice, au garde meuble de la couronne, place Louis XV, le pilla entierement et s’empara des armes anciennes qui y étaient conservés ; allant ensuite au invalides, elle en força l’entrée et s’empara de près de trente mille fusils, et d’une douzaine de canons. Enhardi par les succès, elle fut ensuite attaquer