Page:Latocnaye les causes de la révolution.djvu/123

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« Moi donc, qui ne suis qu’un avec la nation, je m’unis avec vous, et désire que vous m’assistiez, à adopter des mesures, pour la sureté de l’état. J’attends cela de l’assemblée nationalle : le zèle des representans de mon peuple réunis pour le bien public, m’en assure : me confiant sur l’amour et la fidélité de mes sujets, j’ai donné ordre aux troupes de se retirer des environs de Paris et de Versailles. ― Je vous authorise, je vous invite même, à faire connaître mes intentions dans la capitale. »

Ce discours fut reçu, avec les plus grandes acclamations de joye, et quand le roy se leva pour se retirer, les députés firent un cercle autour de lui, et le conduisirent au chateau.

De ce moment, le roy avait en effet abdiqué la couronne avec bien peu d’éspoir de la jamais recouvrer. L’assemblée ne tarda pu à le lui prouver, car dès le lendemain, elle pria humblement sa majésté, de renvoyer ses ministres, et de rappeler Necker et ceux qui l’étaient avant. Les nouveaux ministres cependant, n’avaient pas attendu les souhaits de l’assemblée, pour se retirer ; le roy consentit de bonne grace, à rappeller Necker, et pour faire connaitre à l’assemblée la sincérité de sa conduite, il lui envoya la lettre qu’il écrivait au Genevois.

Dans la nuit du seize, la désolation la plus grande, régnait dans le chateau de Versailles ; il ne réstait pas un ministre, tous les princes et leur suite étaient partis, à l’excéption de Monsieur, qui n’a quitté le roy son frere, que lorsques sa majésté, essaya vainement, de s’échapper et fut arrêté à Varenne.

On a remarqué dans cette occasion, comme dans plusieures