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Page:Latocnaye les causes de la révolution.djvu/149

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quel ils avaient été chasser. Cela fut poussé si loin que la municipalité défendit à qui que ce fut des gardes nationalles, de sortir de la ville en uniforme et elle fit souvent faire des expéditions, dans les environs, avec du canon.

Un de mes amis, officier de marine, fut apperçu dans la campagne par quelques paysans ; comme son uniforme était bleu, ils s’imaginerent que c’était un garde national et aptes l’avoir arrêté ils se préparaient à le pendre à un arbre pour faire peur aux grôlles, ainsi qu’ils le lui dirent. Heureusement qu’il y avait un ancre sur ses boutons, qui leur prouva qu’il était officier du roy et ils le laisserent aller.

Souvent dans les rues, les gens du peuple disaient aux gentils-hommes, qu’ils voyaient sans armes ; " ce n’est plus le tenus des Badines *, messieurs de la noblesse, c’est de bons sabres qu’il faut."


Sorte de petites cannes de jonc.


Comme les gentils-hommes n’étaient point armés, point protégés du gouvernement, et que leurs adversaires au contraire, avaient plus d’armes qu’il ne leur en fallait et étaient formés en corps de troupes réglées ; se joindre sur le champ aux paysans, n’eut servi à rien, qu’à se faire sacrifier inutilement ; cependant à présent que j’y réfléchis froidement, je ne peux pas concevoir, comment l’ésprit d’émigration, put s’emparer de toutes les tétes avec des dispositions aussi favorables. Je ne fais point de doute, que c’en là le véritable comencement de la guerre des chouans et de la Vendée, de quelle utilité il eut été à la monarchie si au lieu de l’éloigner à des distances prodigieuses on eut bravé la tempête et qu’on se fut tenu à son poste.