Page:Latocnaye les causes de la révolution.djvu/164

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ça ira, les aristocrates à la lanterne. Cet air peut paraître gai aux étrangers, et il l'est rééllement, mais s’ils avaient jamais été poursuivis par une foule de populace, chantant cet air favori, et menaçant de la lanterne, peutêtre en seraient ils dégoutés : au Mans, à Nogent, à Chartres, il y avait des chanteurs publics, visiblement payés pour cela, qui attroupaient le peuple, et tournaient en ridicule dans leurs impertinents pots-pourris, tout ce qui avait été réspectable jusqu’à lors.

Je ne saurais peindre, les sentimens qui me dechirèrent, en entrant dans le superbe parc de Versailles : ces lieux n’a guères, pleins de la puissance et de la majésté du trône, n’étaient plus qu’une vaste solitude : une horreur profonde semblait avoir pénétré ces mornes bois, ces mêmes bocages, où mon jeune age avait autrefois trouvé le bonheur. Je voulus visiter le chateau, tous les appartemens étaient ouverts, le silence de la mort y régnait, à peine y avait il deux où trois personnes dans cette vaste enceinte, où j’avais vu des million, s’emprèsser autour du soleil de la royauté. Un Suisse, me montra la porte dans l’appartement de la reine, que les Brigands avaient forcé le 5 Octobre 1789. Ici tomba sous leurs coups, son fidéle défenseur, voici le lit d’où elle se sauva demie nue, à leur rage sanguinaire.

Les habitans de Versailles, sentant trop tard le mal qu’ils s’étaient faits, en aidant les Parisiens à enlever la famille royalle, avaient résolus de réparer à leur frais, les désordres que les Brigands avaient commis : quelques ouvriers étaient occupés à les réparer.