Page:Latocnaye les causes de la révolution.djvu/179

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enfin retiré du monde et regardait de loin et fort à son aise, les maux dont sa folie l’avait accablé.

On assure que Mr. Necker s’en occupé dans sa retraite, à écrire l’histoire de ses sottises, c’est à dire de la révolution de France ; elle a dit-on été publiée dernièrement à Paris : je ne l’ai pas lu et j’en suis tres faché, car cela doit être quelque chose de curieux. Ou dit, qu’il donne pour excuse de sa conduite, que son intention était d’établir en France, le gouvernement de l’Angleterre. C’en bien là, en vérité, l’excuse la plus impertinente que l’on puisse donner, quoiqu’elle paraisse séduisante à bien des gens den la Grande Bretagne surtout. Mais de bonne foi, supposons que quelque Charlatan Catholique, de la république de Cologne (par exemple), put parvenir par ses intrigues, à la tête du ministere de la Grande Bretagne, qu’il profita de sa popularité, pour renverser la forme de gouvernement, afin d’en établir un autre, suivant ses idées chimériques. Supposons encore, qu’il ne fut pas capable de diriger les mouvemens qu’il aurait témérairement éxcité ; qu’un désordre effroyable s’en suivit ! que la tête du roy, à qui il aurait persuadé d’embrasser ses idées, tomba sur l’echaffaud ! que le plus grand nombre des propriétaires, du clergé et de la noblesse fussent massacrés où bannis ! que le pays fut dévasté et que des millions d’hommes eussent péris !… ne serait-ce pas, une grande consolation, pour ces nobles qui feraient obligés de manger, comme dit Shakespeare *, the bitter bread of banishment : pour les parents de ceux, qui auraient été massacrés


Le pain amèr de l’éxil