Page:Latocnaye les causes de la révolution.djvu/184

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J’aurais bien désiré aller à Strasbourg, où je savais mon frere, mais la crainte de ne pouvoir retourner m’en empêchat.


disait dès lors, que la France allait tomber. " Le gouvernement," me disait il, quelques fois, aigrit à présent les ésprits par sa hauteur ; personne ne peut savoir jusqu’ou les choses iront. Voici le moment pour l’homme d’honneur de se montrer et de soutenir les droits de son pays."

Il avait une correspondence tres étendue. avec les gentil-hommes de sa province (la Bretagne) et s’en était acquis l’éstime, par la maniere noble dom il s’était acquitté des affaires dont on l’avait chargé. Il en reçut un témoignage flatteur en 1788 ; il fut un des douze députés que la noblesse de Bretagne, envoya à cette époque porter ses réclamations au roy. J’ai deja dit qu’ils furent tous mis à la Bastille. Son retour dans la province fut une espéce de triomphe, il est difficile d’avoir plus de popularité qu’il n’en avait alors  : on scut bientôt l’en priver aussi bien que le reste de la noblesse par des menées sourdes, dont il est, difficile de ne pas croire Necker et d’Orleans les auteurs.

Le Marquis de La Ferroniere, fut un des plus ardents, dans la lutte terrible que la noblesse de Bretagne eut bientôt à soutenir entre le peuple et le ministere, ayant toujours à coeur la constitution de son pays, et pas plus disposé à se soumettre aux coups d’autorités qui l’enfreignaient, qu’a céder à la rage folle que des traitres avaient sçus inspirer au peuple.

Lorsqu’enfin, de fautes en fautes et de faiblesses en faiblesses, le gouvernement se fut entierement avili et que les novateurs au fait, furent devenue les vrais rois de France ; il fut des premiers à chercher dans son courage, des moyens de rétablir la monarchie ; il offrit ses services aux princes, et fat l’ame des éxpéditions dont j’ai parle à Toulouse, à Lyons et à Strasbourg. En 1791 il aida puissament le Vicomte de Mirabeau, qui venait d’obtenir la permission de lever une légion, fit la premiere compagne sous ses ordres, comme colonel en second et après sa mort, la commanda en chef pendant deux ans.

Au bout de cc tems, il plut à la cour de Vienne, d’humilier son courage : elle força le Prince de Condé, à faire, reconnaitre un jeune homme sans expérience, comme colonel commandant de la légion dr Mirabeau. La Ferroniere ne put souffrir cette injustice, il donna sa démission et ne chercha à s’en venger, qu’en rendant des services plus réels et plus éminents. Il traversa toute la France à pied, déguisé en Marchand Italien, arriva dans la Vendée, se joignit à Charette et après avoir pris toutes les informations qu’il crut nécessaires, vint rendre compte à Monsieur de l’état da choses ; prit sa ordres et retourna su poste d’honneur, résolu à faire tout en son pouvoir pour le succès de l’éxpédition projetée, qui n’était autre que le soulévement unanime, des provinces de Normandie, Bretagne, Anjou, Mayne et Poitou.